Plusieurs théories expliquent ces adaptations en milieu souterrain. Celle qui prévaut actuellement est celle émise par Louis CUENOT en 1914.
Selon CUENOT, certaines espèces possèdent des caractères, qui tout en étant secondaires à un moment de leur histoire, peuvent orienter celles-ci ultérieurement vers des modes de vie différents.
Ces nouveaux modes de vie sont déterminés à la fois par ces caractères et par la disponibilité de certains milieux dans lesquels ils prendront une importance biologique accrue.
1) Des organismes de surface qui possèdent des organes phosphorescents sont plus susceptibles de peupler les fonds marins obscurs que les formes dépourvues de ces organes. |
2) De même, les Silures, poissons pourvus d'yeux très petits et manifestant des comportements fouisseurs, sont des candidats plus probables à la vie cavernicole que d'autres espèces démunies de ces caractères. |
CUENOT résume l'action de ce mécanisme en disant que les caractères préadaptatifs ont pour effet de "filtrer" la faune qui vit à proximité d'un habitat souterrain ; les espèces préadaptées sont capables de passer à travers les mailles du filtre, lequel arrête celles qui ne sont pas nanties de ces caractères.
Les animaux une fois entrés dans le milieu hypogé vont subir une série de phénomènes de dégénérescence,
La vie cavernicole entraîne toute une série de réductions morphologiques et fonctionnelles qui font apparaître les habitants caractéristiques du monde souterrain comme des dégénérés.
La notion de dégénérescence est
couramment appliquée à des cas biologiquement
exceptionnels et désigne la plupart du temps une
aberration individuelle. Ainsi, les mutations qui affectent un nombre restreint de spécimens au sein d'une population, produisent des effets qui sont dits dégénératifs parce que ces derniers produisent des individus qui se distinguent du type génétique normal. Est réputé normal l'individu qui répond à la description du genre ou de l'espèce caractérisant le type le plus fréquent. |
On dira en conséquence qu'un individu est dégénéré lorsqu'un ou plusieurs traits typiques de la catégorie à laquelle il appartient, s'écartent du modèle zoologique représentatif.
Un exemple très clair de ces phénomènes est fourni par les malformations segmentaires que l'on constate chez certains individus : apparition d'un doigt surnuméraire, raccourcissement de la tête, etc.
L'évolution régressive n'est pas un "retour" à un stade primitif de la forme animale considérée. En effet, l'évolution est un processus irréversible.
Il s'agit même dans le cas des troglobies, d'un phénomène constructif. Il est nécessaire d'insister sur le caractère purement dégénératif des processus de l'évolution régressive, sans jamais introduire la notion de "recul", laquelle n'a aucun sens dans la phylogénie.
Le régime des cavernicoles est dans l'ensemble assez polyvalent. La plupart des troglobies sont détritivores (et sont capables de se satisfaire de n'importe quelle matière organique inerte) ou encore omnivores (et absorbent tous les types de nourriture selon les possibilités momentanées).
Que peuvent trouver naturellement sous terre ces cavernicoles ?
L'eau.
L'eau apporte de nombreux débris organiques provenant de la surface, tels que brindilles, feuilles, graines putréfiées, parfois de petits animaux.
Le guano
L'une des sources les plus actives de ravitaillement sont les déjections des chauves-souris, ce que l'on appelle habituellement guano (reliefs des repas et résidus de la digestion).
Le guano est utilisable en tant que tel par les cavernicoles, mais il constitue entre autre, un substrat organique important pour les moisissures et les bactéries.
L'argile.
L'argile est, aussi incroyable que cela paraisse, un aliment. Pour le Protée, amphibien cavernicole, on a démontré qu'une alimentation composée exclusivement d'argile avait suffi pendant deux ans pour permettre à de jeunes protées de tripler leur taille. Cette argile souterraine contient une quantité importante de matière organique inerte, mais aussi une foule de bactéries (10 à 250 millions par gramme de limon sec).
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Selon Lamarck, le non-usage d'un organe entraîne à long terme son atrophie. L'exemple spectaculaire du Protée est cité. Toutefois, Darwin explique l'inutilité de la vision par la sélection. En effet, la disparition des structures oculaires est un phénomène tolérable puisque dans le milieu hypogé la possession de ces dernières ne constitue pas un caractère positif de survie. Cependant les troglobies sont sensibles à la lumière. Cette sensibilité photique est localisée dans les cellules sensorielles de la peau.
De plus, la dépigmentation permet une pénétration directe des rayons lumineux dans la masse cérébrale. (Cette sensibilité dermatoptique est une rémanence, Elle existe chez les animaux épigés). C'est la sensibilité chimique qui a pris le relais de la vision.
En effet, un poisson cavernicole, l'Anoptichthys par exemple, possède un sens gustatif d'une finesse extraordinaire. Exprimé au pourcentage de distribution des substances utilisées pour provoquer l'excitation chimique (sucré, salé, acide, amer), les minima nécessaires sont plusieurs milliers de fois plus petits chez la forme cavernicole que chez la forme épigée,
Chez la plupart des animaux souterrains, l'absence d'incitation hormonale résultant de l'état aveugle et de l'absence de lumière entrave la fonction des téguments mélaniques : l'individu reste de teinte claire. La pigmentation est généralement nécessaire pour protéger un être contre les radiations solaires. Sous terre, ce problème n'existe plus.
5. Exemples
d'adaptations particulières
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Mise à jour : 21 janvier 1997.